Découvrez les secrets de l’œsophagite chez les nourrissons : causes et solutions!

L’œsophagite est caractérisée par une inflammation de la muqueuse de l’œsophage, le tube reliant la bouche à l’estomac.

« La définition strictement médicale de l’œsophagite est histologique, mais le terme est souvent employé en présence de forts indices cliniques », précise le Dr Mélanie Rapp, gastroentérologue pédiatrique à Lyon. L’histologie étudie la structure des tissus, notamment celle de la muqueuse œsophagienne.

« Normalement, on ne devrait évoquer l’œsophagite que si une endoscopie a confirmé son existence, mais cet examen invasif n’est pas systématiquement pratiqué chez les très jeunes enfants », ajoute-t-elle. Plusieurs facteurs peuvent mener à une œsophagite chez l’enfant, le principal étant le reflux gastro-œsophagien pathologique.

Cette forme d’œsophagite est fréquemment observée chez le nourrisson et est due à l’agression de la muqueuse œsophagienne par les acides gastriques, provoquant une inflammation. Elle apparaît quand ces reflux acides sont fréquents et non traités, que ce soit par des mesures anti-reflux ou des médicaments adaptés.

Une œsophagite peut aussi résulter d’un accident domestique, comme l’ingestion de substances caustiques qui endommagent gravement les tissus, par exemple un produit ménager comme l’eau de javel. De la même manière, l’ingestion de liquides brûlants, tel que du lait trop chaud, peut causer une œsophagite thermique liée à la chaleur.

En cas d’ingestion de substance caustique, il est crucial que l’enfant soit examiné d’urgence, et il est probable que le médecin recommande un examen endoscopique pour évaluer l’étendue des dommages et déterminer le traitement approprié.

Une allergie aux protéines de lait de vache peut aussi être à l’origine d’une œsophagite chez le bébé. Une variante spécifique est l’œsophagite à éosinophiles, ainsi nommée d’après les cellules impliquées dans la réponse immunitaire. Cette forme d’œsophagite se manifeste par une réaction inflammatoire à un allergène. Elle nécessite un régime d’éviction spécifique pour être traitée et peut aussi provoquer un reflux pathologique résistant aux traitements standards.

Il existe également des œsophagites d’origine infectieuse (notamment dues à l’herpès ou au cytomégalovirus), mais elles sont rares chez les tout-petits.

Le principal symptôme souvent observé par les pédiatres, qui éveille la suspicion d’une œsophagite, est la présence de sang (même en petites quantités) dans les régurgitations du bébé. Les pleurs post-repas ou le refus de s’alimenter, entraînant une perte de poids notable, sont également des indices d’une inflammation de l’œsophage.

En cas d’œsophagite due à un reflux gastro-œsophagien, les symptômes résultent des remontées acides qui irritent la muqueuse œsophagienne, entraînant une inflammation.

Le reflux est généralement bénin et ne cause pas toujours une œsophagite. Diagnostiqué et traité rapidement, un RGO pathologique (cf. paragraphe suivant) n’entraîne pas nécessairement une œsophagite. Le reflux physiologique diminue souvent avec des mesures simples et non médicamenteuses. La croissance et l’introduction d’aliments solides sont des étapes clés vers l’amélioration.

Certains enfants peuvent être plus susceptibles de développer une œsophagite en raison de conditions médicales spécifiques, telles que des anomalies de l’œsophage ou du système digestif (comme la hernie hiatale), des troubles pulmonaires chroniques (telle la mucoviscidose) ou des troubles du développement psychomoteur.

Un RGO est jugé pathologique chez le nourrisson s’il entraîne des complications : une œsophagite confirmée histologiquement, une cassure dans la courbe de poids du bébé, ou s’il cause des troubles du sommeil, des problèmes respiratoires, une perte d’appétit, un refus de s’alimenter, des pleurs sans raison apparente, des traces de sang dans les régurgitations, etc.

Comme le bébé ne peut pas exprimer clairement son inconfort dû aux remontées acides, il est souvent difficile de déterminer s’il s’agit d’un RGO physiologique, sans complications, ou d’un RGO pathologique nécessitant un traitement médicamenteux spécifique. Parfois, de simples ajustements hygiéno-diététiques suffisent, en attendant une amélioration naturelle avec, notamment, la position assise et l’apprentissage de la marche.

Le diagnostic de l’œsophagite chez un bébé repose principalement sur l’analyse des symptômes et un interrogatoire approfondi.

Si le pédiatre suspecte une œsophagite, et dans certaines situations spécifiques, il peut demander une endoscopie (ou fibroscopie) pour examiner directement l’œsophage avec une petite caméra. Bien que ce soit un geste invasif, il est parfois nécessaire pour confirmer le diagnostic d’œsophagite et pour évaluer sa gravité.

Des prélèvements peuvent aussi être réalisés pour analyse. Selon le Dr Rapp, cette procédure n’est pas systématiquement entreprise chez le nourrisson, « sauf en cas de nécessité absolue, comme des vomissements de sang ».

Si l’œsophagite semble résulter d’un RGO pathologique, une pH-métrie peut aussi être effectuée, utilisant une sonde placée dans l’estomac pendant 24 heures pour mesurer l’acidité du reflux et ajuster le traitement en conséquence.

Le principal traitement de l’œsophagite dépend évidemment de sa cause. Le plus souvent, il s’agit de médicaments, notamment les inhibiteurs de la pompe à protons, qui réduisent la production d’acide dans l’estomac. L’Inexium est souvent prescrit pour le RGO pathologique chez le nourrisson afin de traiter l’acidité des régurgitations, mais pas les régurgitations elles-mêmes. Ce traitement doit être limité dans le temps et régulièrement réévalué pour confirmer son efficacité.

Des médicaments anti-acides (tels que le Gaviscon® ou le Gel de Polysilane, par exemple) peuvent aussi être prescrits, seuls ou en complément d’un inhibiteur de la pompe à protons, pour protéger l’œsophage en agissant comme un pansement gastrique. Ils sont souvent utilisés en première intention, avant l’Inexium, qui peut présenter des effets secondaires.

En cas de RGO entraînant une œsophagite, l’adoption de mesures hygiéno-diététiques est généralement la première étape avant le traitement médicamenteux : espacer les repas, épaissir le lait infantile (avec un lait anti-régurgitations à base d’amidon ou de caroube), commencer la diversification alimentaire tôt, garder le nourrisson en position verticale après le repas ou le biberon, etc.