Qu’est-ce que la dépression anaclitique chez l’enfant en bas âge ? Quelles en sont les causes ?
La dépression anaclitique est une condition psychologique qui peut affecter les nourrissons et a été initialement décrite dans les années 1950 par René Spitz, un psychiatre d’origine autrichienne. Il a observé que les bébés pouvaient développer des symptômes dépressifs suite à une séparation d’avec leur mère, surtout si aucun substitut affectif stable n’était présent. Cinq ans plus tard, John Bowlby, un autre éminent psychiatre, a introduit la théorie de l’attachement, soulignant l’importance vitale des liens affectifs stables entre les enfants et leurs figures parentales pour un développement sain.
La dépression anaclitique, bien que rare, est généralement déclenchée par une rupture brutale de ce lien affectif, que ce soit par la mort, une séparation physique ou une incapacité émotionnelle de la mère, comme dans le cas d’une dépression maternelle. Les nourrissons, qui apprennent par imitation, peuvent devenir apathiques et perdre leur joie de vivre s’ils perçoivent leur mère triste ou absente. Michaël Guetta, pédopsychiatre à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, précise également que des douleurs chroniques chez le bébé peuvent favoriser ce type de dépression, conduisant l’enfant à se replier sur lui-même.
Il est essentiel de rappeler que les bébés ont besoin d’amour, de câlins et de stimulation régulière de la part de leur entourage pour se développer de manière optimale.
Quels sont les impacts de la dépression anaclitique sur le développement de l’enfant et quels en sont les symptômes ?
René Spitz a détaillé que la dépression anaclitique se manifeste en plusieurs phases. Initialement, le bébé peut pleurer abondamment et montrer des signes d’irritabilité. Si ces pleurs ne sont pas répondus par un changement dans son environnement ou le retour de la mère, l’enfant peut se replier sur lui-même et commencer à éviter le contact avec les autres. Une phase de désespoir peut s’ensuivre, où l’enfant se sent abandonné. Si cette situation perdure, le nourrisson peut devenir indifférent au monde extérieur, se montrant passif et détaché.
Les troubles du sommeil sont également fréquents, l’enfant pouvant souffrir d’insomnie ou, au contraire, dormir excessivement. Dans les cas les plus sévères, la dépression peut affecter le développement psychique, cognitif et moteur de l’enfant, pouvant aller de retards de langage à des troubles plus graves du neurodéveloppement, comme des déficiences intellectuelles.
Un cercle vicieux peut se former entre la mère et l’enfant : si le bébé se retire en réponse à la dépression de la mère, cela peut rendre les interactions moins gratifiantes pour celle-ci, la poussant à encore moins s’engager, ce qui renforce le repli de l’enfant.
Comment soigne-t-on la dépression anaclitique chez le nourrisson ?
Le traitement de la dépression anaclitique commence par identifier et adresser ses causes. Si la douleur est un facteur, elle sera traitée médicalement. Si une séparation peut être résolue, des efforts seront faits pour réintroduire la mère ou une figure stable le plus vite possible. Si la cause est liée à un deuil, il est crucial que les soignants offrent un environnement stable et rassurant. Si la mère souffre de dépression, son traitement deviendra également une priorité.
Dans certains cas, une intervention institutionnelle peut être nécessaire, souvent via un centre spécialisé dans le soutien à la parentalité, pour aider à rétablir une interaction saine entre le bébé et sa mère ou ses soignants.
Si vous remarquez des signes de mal-être chez votre bébé, il est crucial de consulter un professionnel spécialisé en psychologie pédiatrique pour obtenir de l’aide et des conseils adaptés.
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